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Bonsoir. Est-ce que vous pourriez nous présenter le groupe en quelques mots ?

Gaëtan : Alors Adam Kesher c'est un groupe de 5 personnes : il y a Julien qui chante ; moi, Gaëtan, qui joue de la guitare ; Matthieu qui joue du clavier ; Pierrick à la basse et Yann à la batterie. On fait une musique qu'on pourrait qualifier d'electro-pop avec des tendances disco. Et on vient de sortir un deuxième album qui s'appelle Challenging Nature.

Comment vous êtes vous rencontrés ?

G : Ça fait 4 ans qu'on existe. A la base, on vivait à Bordeaux et on y faisait plein d'autres groupes. Du coup, on se connaissait plus ou moins par rapport à la scène bordelaise où tout le monde se connait, c'est une petite ville... Et voilà, on a décidé de faire ce projet. On avait fait quelques morceaux avec Julien qu'on a fait écouter à plusieurs personnes qui nous ont dit "Hey, on aimerait bien faire ce truc avec vous !" et voilà comment ça s'est monté. Après, il y a 3 ans, on est venu vivre à Paris. Et on a rencontré Pierrick parce qu'il a mixé un des EP qu'on a sortis, le premier album et une bonne partie des morceaux sur le deuxième aussi. Et comme il y a deux membres du groupe qui étaient partis, dont un bassiste, on lui a proposé de jouer avec nous et il a accepté pour notre plus grand plaisir.

Donc à la base, c'est vous deux qui êtes à l'origine du groupe ?

G : Disons qu'en tant que projet, on était à l'origine du truc. Après, le groupe en lui-même, il s'est vraiment créé quand les autres étaient là parce que sinon ça n'existerait pas du tout.

Ça vient d'où ce nom d'Adam Kesher ?

G : Ça vient d'un personnage de Mulholland Drive de David Lynch. Et pourquoi on a choisi ce nom ? Parce qu'on venait de voir le film à l'époque, avec Julien, quand on avait fait quelques morceaux et qu'on ne savait pas encore ce que ça allait devenir. Et en fait, il y a un passage dans le film où cet Adam Kesher, un jeune réalisateur qui veut absolument tirer toutes les ficelles de son film, du casting jusqu'à la post-prod, se retrouve confronté à une sorte de mafia hollywoodienne qui veut lui imposer une actrice et lui, évidement, refuse. Et il y a un moment dans le film où un homme de main de la mafia débarque chez lui dans une sorte d'énorme baraque en hurlant son nom. On avait vachement aimé ce passage et du coup, on faisant les cons en répétant ce truc là. Et on s'est dit "Tiens, ça serait chouette de donner ça comme nom à notre groupe !"

Vous pouvez me parlez un peu plus du nouvel album que vous venez de sortir ?

Julien : Alors ce nouvel album s'appelle Challenging Nature. Il a été produit par Dave 1, le chanteur de Chromeo, et Matthieu Couturier, le patron de notre label Disque Primeur. On l'a mixé chez Philippe Zdar, un des deux types de Cassius qui a produit et mixé le dernier album de Phoenix ainsi que les mixes de Chromeo. Et comme Pierrick, le bassiste, jouait de la guitare dans Cassius, ça s'est fait assez naturellement. Si on avait pas eu ces amis en commun, ça aurait été plus dur de les approcher. Mais du coup on est super content d'avoir pu travailler avec ces mecs. Ca nous a permis de passer un niveau en production et en sound righting ce qui a été plutôt positif pour nous.

Quelles sont vos influences musicales ?

J : Alors sur cet album en particulier, on a beaucoup écouté de morceaux disco un peu bizarres des années 80. Notamment des trucs de Arthur Russell, qui avait deux groupes qui s'appelaient Loose Joints et Dinosaur L. Après, on a écouté des trucs de pop genre Prince, Michael Jackson, Depeche Mode,etc.

G : Et énormément les Beach Boys aussi.

J : Sinon, certaines sorties du label DFA comme Holy Ghost! ou Juan MacLean. C'est vraiment les trucs principaux qu'on a écoutés à l'époque.

Et dans les autres genres de musique ?

G : Un des derniers trucs qu'on aime beaucoup c'est Kurt Vile, un mec qui fait une sorte de folk un peu psychédélique. Il y a eu pas mal de groupes qui sont sortis dans un esprit garage-pop et il y a eu toute une émergence de groupes rock-indé venant des États-Unis. Tous ces trucs-là, c'était vraiment dans la même veine. Et Kurt Vile, c'était vraiment un truc qui sort du lot, des gens qui écrivent de supers bons morceaux.

J : Sinon, il y a plein de groupes qu'on adore et qui nous influencent de manière assez indirecte mais en groupes connus, on pourrait dire les Smiths, Cure, le Velvet Underground, Pulp, etc. Enfin il y en a plein, on écoute pas que du disco.

Sinon, vous étiez déjà venus jouer à Lyon avant ?

J : Ouais, on y a joué plusieurs fois ! On a joué sur une péniche, il y a 3 ans mais je me rappelle plus du nom. On a déja joué au Ninkasi, il y a 1 an et demi avec Stuck In The Sound. On a joué au Transbordeur avec Data. Et on a joué à un festival en banlieue : Wood..

Matthieu : Wood.. Woodstock !

J : (rires) Non, Woodstower je crois.

M : Avec Svinkels !

Vous êtes donc déjà venus au Ninkasi, vous en pensez quoi ?

G : Moi je trouve que c'est une salle qu'est assez chouette, la scène est peut-être un peu haute mais sinon le son est très chouette et l'accueil est vraiment cool.

J : C'est un peu loin du centre aussi.

G : Ah, petit bémol.. (rires)

Par rapport au concert de ce soir, vous jouez avec Minitel Rose avec qui vous avez une autre date de prévue. Vous les connaissez ?

J : Ouais à Rennes. On les connait un peu parce qu'on avait joué avec eux à Lille. Puis, on s'est déjà retrouvés avec eux à une soirée au Batofare où ils étaient Dj et, Gaëtan et moi, on jouait avec un autre groupe qu'on fait avec d'autres gens qui s'appelle Beat Mark. Donc oui, on les connait un peu. Et on sait qu'on est plus ou moins classés dans la même catégorie qu'eux en France donc c'est cool.

Et Welling Walrus, vous les connaissez aussi ?

J : Non, on les connait pas mais il parait qu'ils sont connus sur Lyon. C'est ce qu'on nous a dit en tout cas donc on va voir ça ce soir.

Sinon dans les groupes lyonnais, vous en connaissez d'autres ?

G : De groupes de lyon ? Euh, Benjamin Biolay ? (rires)

J : Je sais pas.. En musique électronique, il doit y avoir des trucs mais moi je confonds toujours Lyon, Dijon, Clermont,etc. Genre The Hacker, Miss Kittin, c'est pas de Lyon ?

G : Non, c'est Dijon je crois.. (rires)

J : Lyon, je sais pas, y a quoi ?

En electro, je vois pas trop. Sinon en rock, il y a Welling Walrus, Music Is Not Fun, PMs Better, Yeasty Kids..

J : Music is not fun, je crois que je connais. C'est pas des mecs qui font une musique un peu pop et qui tournent souvent avec les BB Brunes ?

Oui, c'est ça.

J : C'est bon, je vois qui c'est !

Vos projets pour la suite ?

J : Là, comme le disque vient de sortir, on se concentre essentiellement sur les concerts. On va faire une vingtaine de dates en France jusqu'en décembre. Ensuite, janvier-février-mars, on devrait faire des dates à l'étranger. Et il y a quelques clips et remix en cours aussi.

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"Si vous étiez..."

- une personne:

J : Will Smith.

G : Kanye West. Je trouve que ce type fait de supers bons morceaux et qu'il est complètement mégalo. Par exemple, quand il a joué a Paris, il a dit qu'il aimé beaucoup Paris parce qu'elle lui ressemblait et qu'elle avait de l'influence partout dans le monde, comme lui. Je trouve ça génial d'en arriver à un tel point de mégalomanie et en même temps d'assurer autant et de ne faire que des bons morceaux.

- un film:

G : Johnny Guitare de Nicholas Ray. Je trouve ça super bien ce héros qui débarque avec une guitare et qui n'a pas de pistolet, justement parce que c'est un addict de la gâchette et que dès qu'il touche un pistolet, il a besoin de tuer des gens. La BO est vraiment super belle, la photo du film est génial, enfin ce film est vraiment trop bien.

J : The Saddest music in the world de Guy Maddin. C'est un réalisateur canadien assez actif qui fait une sorte de cinéma expérimental revisitant le cinéma des années 50-60, et il fait beaucoup de films avec Isabella Rossellini qui a vraiment la classe.

- un livre:

G : Les détectives sauvages de Roberto Bolano. Ça se passe au Mexique dans les années 70 et ça parle de jeunes poètes qui fondent le réalisme. C'est l'histoire de l'errance de ce groupe de poètes dans le monde, racontée avec une sorte de mélancolie. L'ambiance est étrange, apparemment très mexicaine, assez moite avec en même temps une sorte de tristesse car ce sont des pays qui, à cette époque, sont assez bouleversés.

J : Les Fusils de William Vollmann. C 'est une sorte de roman d'aventure sur l'exploration du cercle arctique. C'est un écrivain hyper intéressant, qui à la base est un journaliste et qui a écrit beaucoup de romans. Au début, c'était plutot des sortes de romans noirs sur le milieu des putes a San Fransisco et ensuite, il a fait des romans sur l'histoire des États-Unis ainsi que des essais sur la misère ou la violence.

- une chanson:

G : Baby de Gal Costa, qui est la sœur de Caetano Veloso, un des plus grands chanteurs de musique brésilienne. Ce morceau est hyper beau, c'est Caetano qui l'a écrit pour sa sœur. Et c'est assez fou parce qu'on dirait un mélange entre le Velvet Underground et de la musique brésilienne, c'est vraiment incroyable.

J : Promised Land de Joe Smoot, une sorte d'hymne house du début de la house music.

Merci à Gaëtan et Julien d'avoir accepté de répondre à nos questions ! Et pour plus d'informations sur l'actualité du groupe, n'hésitez pas à aller faire un tour sur leur site http://www.adamkesher.com

Propos recueillis par Maëlle Ollivier pour Art Is True.